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Giuseppe Borraccino, fondateur et dirigeant de Novafen I Entretien

07 juil. 2021

Entrepreneur inspiré et inspirant, Giuseppe Borraccino évoque les valeurs de NOVAFEN, ou comment l’esprit d’équipe, l’innovation et la bienveillance sont mis au service de l’excellence Made In Alsace !

L’année 2020/2021 a été très particulière. Comment l’entreprise NOVAFEN a-t-elle traversé cette crise ? Quels enseignements en tirez-vous, d’un point de vue professionnel ? D’un point de vue personnel ?

C’est surtout l’année 2020 qui a été spéciale. On se sentait aveugle, que ce soit d’un point de vue personnel ou professionnel. On entendait plein de choses, tout fermait, on avait du mal à livrer, on ne savait pas exactement ce qui se passait, on ne savait plus vers où on allait… Ayant tout juste investi dans l’entreprise en 2017-2018, avec un déménagement dans un nouveau bâtiment en 2018, je me suis retrouvé devant un mur : qu’est ce qu’on fait ? Nous avons dû fermer, car nous ne pouvions plus livrer. Ce n’était pas un manque de travail mais, logistiquement, si l’on reçoit la matière et qu’on la façonne, elle reste là et prend de la place. Économiquement, si l’on reçoit la matière et qu’on la façonne, il faut la payer auprès de nos fournisseurs, sachant que l’on ne savait pas combien de temps cela allait durer… Il a fallu donc fermer et attendre. Une anxiété s’est alors mélangée à la peur.

Je me souviens très bien du premier jour de confinement, je ne me suis pas arrêté ! Je me suis dit que la meilleure façon de combattre cette situation, c’était de rester sur le terrain. Étant compétiteur, j’ai décidé d’aller tous les jours au bureau, comme si je travaillais. Je voulais trouver des solutions. Je me suis donc retrouvé le premier jour au bureau tout seul. Je me rappelle m’être fait contrôlé par les gendarmes sur le chemin, je leur ai dit que j’allais travailler et qu’il fallait bien que j’aille nourrir nos poules. Ils croyaient que je me moquais d’eux !

Six heures par jour, je passais des coups de fil. J’ai trouvé de nouveaux clients. Heureusement, l'équipe NOVAFEN a été juste fantastique. Laurence m'a rejoint, Lionel également. Il a acheté une imprimante 3D pour imprimer nos propres masques de protection. On voulait rouvrir le plus rapidement possible ! Nous avons réussi à transformer nos craintes en forces et à nous démarquer de la concurrence. Nous avons également pu compter sur la fidélité de certains de nos clients. On a même eu quelques ouvertures de comptes très importantes avec de belles enseignes. Finalement nous nous sommes retrouvés avec une fin d’année 2020 exceptionnelle.

Vous venez de vous équiper d’un tout nouveau centre d’usinage inédit en France ainsi que d’une scie numérique. Pourquoi ces investissements ? Quelles sont les particularités de ces outils ? En quoi est-ce important de continuer à investir dans de nouveaux process ?

NOVAFEN sera toujours et avant tout une manufacture ! Donc l’outil le plus important, la valeur la plus importante chez NOVAFEN, c’est l’Homme. Cependant l’Homme ne peut pas tout faire, c’est pourquoi il faut améliorer son confort grâce aux machines. Ce nouvel outil de production, unique en France, comprend un centre d'usinage et une scie. Il va nous permettre d’être plus précis et de soulager certaines tâches notamment au niveau de la répétition. Ces types de machines sont à la pointe de la technologie ; automatisés, ils permettent d'alimenter, de couper, et d'usiner avec plus de précision. Chez NOVAFEN nous avons mis en place une maintenance préventive de notre parc machines. Toutes les fin de semaines, un changement est réalisé sur tous les outils coupants (lames, fraises...). Nous procédons également à un étalonnage et à un contrôle des machines. Il faut que la coupe soit parfaite, que l’usinage soit le plus précis possible. Notre objectif est de travailler avec les outils adéquats et sans lubrification pour que nos profils soient "non gras" et donc plus simples à manipuler pour les phases d’encollage et d'étanchéité. Toute l’ergonomie, le confort, est mis autour des machines avec des tapis anti vibrations pour épargner les lombaires. Les opérateurs peuvent ainsi circuler le plus confortablement possible. L’objectif c’est de s’améliorer dans la gestion de l'ergonomie, dans l’optimisation des mouvements… Tous les gestes répétitifs qui peuvent être fatigants voire nocifs à long terme, nous voulons les éviter, c’est la machine qui les fait désormais. L'homme est important, nous préférons privilégier l'Homme. La dernière chose importante, c’est notre objectif 0 papier en 2023. Tout notre centre, tous les ateliers seront, d’ici là, équipés d’écrans et de tablettes. Il n’y aura plus aucun dossier papier de fabrication qui circulera. Cette initiative est couplée avec une gestion optimisée des déchets. Pour NOVAFEN cela veut dire être à la fois éco-citoyen, éco-industriel, mais surtout éco-responsable : nous sommes avant tout des habitants de cette terre.

L’entreprise NOVAFEN fêtera ses 10 ans l’année prochaine. Depuis sa création la société n’a cessé de se développer. Quelles seront les prochaines étapes clés ? Quels sont vos objectifs ?

Chez NOVAFEN nous avons une philosophie spéciale, nous ne voulons pas être des industriels qui courent après le volume. Notre but c’est d’être une manufacture reconnue, d’être des artisans qui font du sur-mesure car nous préférons toujours privilégier la qualité, le service et la satisfaction du client. C’est comme cela que nous arrivons à fidéliser notre clientèle. Actuellement, un client qui cherche du sur-mesure sur du moyen/haut de gamme, avec le service et la tranquillité en prime, il vient chez NOVAFEN !

Vous avez souvent recours à des métaphores sportives pour expliquer votre façon de gérer une entreprise. Pourquoi cet univers ? Peut-on rester le même sur le terrain et dans l’atelier ?

J’ai un de mes employés que je côtoie depuis plus d’un demi-siècle, nous étions à la maternelle ensemble ! J’ai toujours fonctionné comme cela, comme dans le sport, ce qui compte c’est l’esprit d’équipe, se surpasser tous ensemble. Le sport véhicule de très belles valeurs. Dans l’entreprise c’est pareil, il n’y a pas d’employés, je préfère parler de coéquipiers... Je ne supporte d’ailleurs pas le terme de “patron”. Je le dis à tout le monde, “je ne suis le patron de personne.” Quand les gens viennent dans mon bureau c’est en m'appelant “Joseph”, la porte est toujours ouverte et on entre sans toquer ! On peut être très exigeant, très méticuleux, très rigoureux dans le travail, à condition de l’être avant tout avec soi-même. Si je montre l’exemple sur le terrain, alors se dégage du respect et à partir du moment où il y a du respect, là on peut parler d’équipe.  C'est une façon de penser, je me sens bien avec ce maillot, ces paroles, ce management... Je façonne une équipe, je la construis, puis nous nous entraînons ensemble pour devenir l’avenir de NOVAFEN.

Entretien réalisé par Aurélien Montinari

 

 

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